Maison de l'Algérie-Pont d'intelligence

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Club "Génération Entrepreneurs" en Algérie

samedi 14 mai 2011

Salon international du bâtiment à Alger : Construire n’est pas bâtir


 
 Les façades en alucoband se retrouvent un peu partout dans les établissements banquiers.
Aujourd’hui, la tendance est au béton, au ciment et à la brique. Le ciment, qui est un liant hydraulique utilisé pour faire du béton, présente de nombreux inconvénients pour l’environnement.
Le 14e Salon international du bâtiment, des matériaux de construction et des travaux publics s’est tenu à Alger du 9 au 13 mai. Une occasion pour les industriels du bâtiment de promouvoir leurs produits et d’attirer peut-être de nouveaux investissements. Mais quelle part est réservée à l’environnement ? Etat des lieux du bâti en Algérie…
La préservation des écosystèmes est une donnée nouvelle, même du point de vue politique. Les dégâts constatés sur l’environnement ont fait apparaître l’urgence des mesures à prendre. Le réchauffement climatique, les fortes poussées démographiques et l’impact anthropique sur la nature des développements humains et économiques ont fait réagir les consciences politiques et sociales sur la nécessité de préserver les acquis environnementaux. Malgré cette prise de conscience, les atteintes perdurent et les actions de défense sont minimes.
La progression du béton en est la preuve frappante. Les espaces verts reculent, les disparitions d’espèces florales et faunistiques augmentent. Comment construire en Algérie tout en conservant le capital environnement sans freiner l’économie ? On s’étonne de voir apparaître de nouveaux revêtements, comme l’alucoband ou le plexiglas et l’aluminium. Le verre, le bois et la terre sont en perte de vitesse, soit pour des raisons de coût, soit par conformisme esthétique lié à l’architecture moderne. Le plexiglas que l’on retrouve dans de nombreuses maisons individuelles pour fermer balcon et terrasse offre l’avantage certain de réduire les nuisances sonores provenant de l’extérieur, mais offre très peu de confort à l’intérieur des bâtiments. Les pollutions intérieures s’accumulent et la chaleur y est condensée. On y étouffe comme si on avait la tête dans un sac en plastique, d’où l’utilisation immodérée de la climatisation. Le verre aux fenêtres et un cadre en bois, au contraire, permettent une plus grande circulation de l’air et de la fraîcheur.
Le béton
Si on a abandonné l’utilisation de l’amiante comme isolant pour des raisons de santé humaine, on continue à construire à base de ciment quel que soit le lieu et quel que soit le climat. Les populations locales du Sud algérien, confrontées à la forte chaleur estivale, ont, pendant longtemps, construit avec de la terre. Les régions littorales optaient pour la chaux. Aujourd’hui, la tendance est au béton, au ciment et à la brique. Le ciment, qui est un liant hydraulique utilisé pour faire du béton, présente de nombreux inconvénients pour l’environnement. Il existe des procédés plus respectueux de l’environnement, mais qui ne sont pas exploités en Algérie. De nombreux dérivatifs au ciment pourraient être utilisés, comme le ciment supersulfaté qui produit très peu de CO2, ou encore la cendre volante qui remplace le ciment portland.
L’inconvénient de la cendre volante est son temps de prise trop rapide. Le ciment géopolymère a l’avantage d’être élaboré à partir de déchets industriels et se présente donc comme une solution au traitement des déchets industriels et toxiques. Il existe encore d’autres matériaux plus ou moins respectueux de l’environnement, mais qui peuvent avoir l’inconvénient d’être particulièrement énergétivores. La tendance actuelle algérienne va vers l’esthétisme et la qualité. Le béton utilisé pour la construction de la nouvelle université de Ben Aknoun, ou la faculté dans les environs de Chateauneuf n’a plus rien à voir avec celui utilisé, voilà à peine cinq ans, pour la construction d’immeubles. Et les garanties environnementales ne sont pas offertes. Mais la plus grande perte se voit dans la région des Oasis et des Hauts Plateaux ou les ksar en terre cuite, qui présentaient l’avantage d’isoler la chaleur et de finir en poussière à défaut d’être recyclés et qui sont abandonnés au profit de la brique et du parpaing.
Les populations d’alors, enclines à vivre en bons termes avec leur environnement (pour les avantages qu’elles en tirent), étaient, dès lors, écoresponsables. Alors que les discours politiques et sociaux érigent l’environnement en cheval de bataille, on assiste cependant à des actions inefficaces et léthargiques sur le terrain.
Zineb Amina Maiche

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