Maison de l'Algérie-Pont d'intelligence

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Club "Génération Entrepreneurs" en Algérie

samedi 25 juin 2011

Noureddine Boutarfa. PDG du Groupe Sonelgaz

«Nous adhérons à l’idée de Desertec»


-Des entretiens ont eu lieu récemment à Alger entre Sonelgaz et le PDG de Desertec. Sur quoi ont porté ces entretiens ?
Effectivement, une délégation de la Dii, la société issue de Desertec, a été reçue ici à Sonelgaz et les entretiens ont essentiellement porté sur les voies et moyens à mettre en œuvre pour établir une coopération entre la Dii et Sonelgaz dans le domaine des énergies renouvelables. Donc, voilà l’objet essentiel de la visite, c’était celle-ci. Le deuxième volet, c’était de voir, à la demande de la Dii, à ce que Sonelgaz puisse rejoindre la Dii. Nous avons développé en tout cas notre point de vue quant à l’intérêt ou le désintérêt de la Sonelgaz d’être partie prenante de la Dii. Voilà essentiellement sur quoi ont porté les entretiens.
-Est-ce qu’on peut savoir pourquoi la Sonelgaz n’a pas adhéré à la Dii ?
Moi, d’abord, je dis toujours l’idée... Nous adhérons à l’idée de Desertec... en tant qu’idée.
Oui, le concept de fabriquer de l’électricité à partir de l’énergie solaire est une très bonne idée. Nous la soutenons et nous la soutenons depuis plusieurs années. Maintenant, Desertec en elle-même ce n’était qu’une idée. Même pas un concept.Même s’il y a eu création d’une société, nous n’avions pas compris quel pourrait être exactement le rôle de la Dii et ce que pourrait apporter la Dii à Sonelgaz. Dii est une société commerciale avec des sociétés de nature différente, des producteurs ou des transporteurs d’électricité. Des fabricants d’équipements qui sont en relation commerciale  et on voyait très mal la Sonelgaz être à l’intérieur.Disons d’être membre d’une société où les conflits d’intérêts risquent de nuire à sa présence. C’est un peu  cela l’essentiel, voilà pourquoi nous n’avons pas adhéré. Le deuxième volet, je vous le dis franchement, c’est le niveau de participation... 200 000 euros par an ne nous semblait pas être réaliste, alors qu’une association aurait pu faire l’affaire de même nature.
-Sonelgaz a été chargée du suivi du programme des énergies renouvelables, et, selon les autorités, Sonelgaz et Desertec étudieront un projet d’accord de coopération. Sur quoi va porter cette coopération ?
D’abord, je voudrais quand même éclaircir la situation. Les autorités, il faut dire la vérité, nous ont demandé d’examiner la coopération avec Desertec. Et comme Sonelgaz avait déjà reçu la délégation de Desertec, nous trouvions qu’il était possible de créer un canal de coopération à travers un protocole qui sera mis en place. Mais c’est un protocole essentiellement pour les échanges d’informations, d’idées et éventuellement pour  définir les modalités, les règles en cas de projet d’intérêt commun. Voilà, il faut quand même remettre à César ce qui lui appartient.L’Etat n’est pas en train de faire pression sur Sonelgaz comme on pourrait le comprendre. L’Etat soutient toute initiative qui pourrait favoriser le développement des énergies renouvelables et si la coopération avec Desertec, donc la Dii peut apporter quelque chose, pourquoi pas ?
-Comment Sonelgaz qui est chargée du suivi voit cette coopération à court, moyen et long termes ?
D’abord, nous nous avons une stratégie, nous pensons qu’aujourd’hui  c’est d’ailleurs bien affiché même dans les amendements des statuts de Sonelgaz qui, je l’espère, seront bientôt publiés, où il est dit que Sonelgaz doit assurer le développement des énergies renouvelables, notamment par la prise de participation et la création d’entreprises. Comme aujourd’hui Sonelgaz est un Groupe qui est constitué à la fois d’une industrie électrique, mais aussi d’une industrie de fabrication, nous allons initier et développer des unités de fabrication, soit à capital Sonelgaz, soit à capitaux mixtes, soit favorisées par le privé. Donc, nous, nous  avons un programme. Et par rapport à ce programme, il y a les trois technologies qui sont connues. Vous avez l’éolien, le solaire photovoltaïque et le solaire thermique. Sur les trois technologies, nous allons favoriser le développement d’une industrie locale. Toute notre stratégie va reposer là dessus.Et si on peut trouver avec les gens de Desertec un appui  pour travailler sur un mode sur comment favoriser, on verra, on travaillera là dessus.
-Est-ce que les discussions ont commencé sur ce projet d’accord de coopération ou mémorandum d’entente ?
Pour l’instant, non, on doit recevoir d’abord les représentants de Medgreen (ex: Transgreen) qui doivent venir chez nous. On a convenu d’une réunion en septembre pour définir aussi et éclaircir ce concept par rapport au rôle de Medgreen par rapport aux interconnexions. Mais de l’autre côté aussi, à Sonelgaz, nous travaillons avec les transporteurs de la Méditerranée, notamment les Italiens, les Maghrébins, les Espagnols et les Français aussi sur la création d’une association des transporteurs électriques de la Méditerranée pour justement voir ce qui manque aujourd’hui aux deux (Desertec et Medgreen). Si Medgreen veut s’occuper des réseaux, il lui faut bien un interlocuteur. Si Desertec veut discuter de transport et des interconnexions, il lui faut bien des interlocuteurs. Les interlocuteurs ne peuvent être que les opérateurs de réseaux. Et c’est pour cela  que nous voulons créer cette association. Ce sera un jalon de plus qui manquait à ces  deux initiatives.
Parce que ces initiatives doivent discuter à travers les opérateurs de façon, je dirais régionale, cela ne peut pas être uniquement des discussions de pays à pays. Parce que dès que l’on parle d’interconnexions, on parle d’intérêts communs. Et donc, une interconnexion doit être utilisée par plusieurs. L’Algérie est interconnectée avec le Maroc. Si demain l’Algérie a une interconnexion avec l’Espagne, les Marocains pourront l’utiliser. Comme nous utilisons, nous, l’interconnexion marocaine avec l’Espagne. Donc, on voit très bien que c’est un problème de coopération en matière d’interconnexion et surtout de voir quel pourrait être  le statut final de cet opérateur de réseau. Est-ce que ça sera une société méditerranéenne qui serait  propriétaire des interconnexions, de toutes les interconnexions de la Méditerranée ? Donc, on voit qu’il y a des questions et la coopération avec Medgreen et avec Desertec va surtout être axée sur ces choses-là.Bien sûr, on pourra aussi discuter de technologies.
-Des réserves ont été faites par un expert sur le solaire thermique et cet expert a avancé que la technologie des tours est meilleure...
Encore une fois, toutes les technologies aujourd’hui à la limite sont exposées... Le problème, c’est toujours par rapport au champ. Dès qu’on parle de solaire, il faut savoir que c’est à peu près 2 hectares par MW en moyenne. Deux hectares par MW, on a des tours, c’est très bien, des cheminées, mais de l’autre  côté, vous allez avoir  des surfaces entières, des hectares et des hectares, des kilomètres carrés  recouverts pour justement recueillir  ces rayons. Ce sont des espèces de serres. Pour gérer de grandes serres comme ça, il y a encore des défis technologiques à relever. Est-ce que vous imaginez un film de plastique déroulé sur le sable dans le sud juste pour recueillir la chaleur et l’air qui va aller se concentrer vers les tours.Il y a des problèmes d’ordre technologique qui sont là. Et je pense que l’Algérie est en train d’étudier aussi  la tour solaire. Je crois qu’il y a un bon projet, une très bonne initiative par l’Université de Blida, de recherche avec les Allemands.
La cheminée solaire du point de vue du concept c’est vrai, vous avez sur le plan du concept, de la théorie, oui, on recueille de l’air chaud et il va aller avec les mouvements ascendants. C’est une très bonne idée, la cheminée solaire. Mais encore, c’est une idée qui a 50 ans d’âge. Elle n’est pas nouvelle... Tout le monde parle du renouvelable aujourd’hui.Mais on ne l’exclut pas. Il y a encore des parts technologiques à faire, des parties, des routes, des chemins, combien cela va coûter ? Est-ce que tout l’environnement que vous allez faire pour la cheminée... est-ce qu’au final cela ne va pas coûter autant que les miroirs ? On n’en sait rien...
Liès Sahar

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