Nouveau plan d’aide pour sauver la Grèce
Les Européens empêchent une contagion de la crise de la dette à d’autres pays
Salah Benreguia
Cent soixante 160 milliards d’euros ! Cette somme astronomique est débloquée par l’Union européenne pour sauver la Grèce et surtout empêcher une contagion de la crise de la dette. Après dix heures de discussions, lors d’un sommet à Bruxelles, les chef d’Etat de l’Union monétaire sont parvenus dans la soirée de jeudi dernier, à un accord pour alléger la dette grecque -d’un montant de près de 350 milliards d’euros actuellement- et impliquer les banques. Le volume de la dette devrait être réduit d’au moins 26 milliards d’euros d’ici fin 2014. Selon le Premier ministre grec, Georges Papandréou, à l’issue de cette réunion de crise, les dirigeants de la zone euro ont décidé de frapper fort avec un plan de sauvetage d’un montant supérieur aux attentes et à celui décidé en urgence au printemps 2010, de 110 milliards d’euros. Ce deuxième plan d’aide, qui s’étalera jusqu’à fin 2014, sera, dans le détail, composé d’environ
109 milliards d’euros de prêts de l’Europe et du Fonds monétaire international, même si la répartition entre les deux ensembles n’a pas encore été décidée. Le reste doit venir des banques, assureurs et fonds d’investissements qui ont prêté de l’argent à la Grèce, répondant ainsi à une exigence de l’Allemagne qui avait suscité beaucoup de remous et de divisions parmi les Européens. Pour des raisons politiques, Berlin cherchait à faire participer les banques au deuxième plan d’aide, mais cette requête inquiétait au plus haut point car elle risquait de déboucher sur un défaut de paiement de la Grèce, aux conséquences désastreuses pour l’économie du pays. Les opposants à cette option, au premier rang desquelles la Banque centrale européenne, ont fini par céder. Car si les dirigeants de la zone euro ont accepté implicitement la probabilité que cela entraîne un défaut de paiement sur une partie de la dette grecque, ceci ne devrait durer que quelques jours. Il s’agira néanmoins d’une première pour un pays de la zone euro. La participation des banques a donné lieu à un rude bras de fer ces dernières semaines entre Berlin, soutenu par les Pays-Bas et la Finlande d’une part, la Banque centrale européenne, la France et de nombreux pays d’autre part. Ces différends ont alimenté la nervosité des marchés et créé des turbulences qui ont failli emporter l’Italie -fortement endettée elle aussi- à son tour dans la tempête de la crise de la dette. Jusqu’ici fermement opposé à cette solution, le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, a salué le nouveau plan d’aide, le jugeant «crucial» pour stabiliser l’économie grecque. Il n’a toutefois pas exclu un défaut de paiement de la Grèce, qu’il avait rejeté jusqu’ici. «Nous faisons valoir nos arguments, nous ne sommes pas toujours entendus», a-t-il reconnu, selon l’AFP. Il s’est aussi félicité du fait que la participation du secteur privé au plan d’aide soit limitée à la seule Grèce, et ne soit pas envisagée pour d’autres pays fragiles au sein de la zone euro. Surtout, il a obtenu une concession forte : la zone euro accepte dorénavant de racheter elle-même de la dette publique de pays en difficulté sur les marchés, via son Fonds de secours financier, afin de soulager les banques qui en détiennent des montants importants. Seule la BCE était chargée jusqu’ici de cette tâche. Le Fonds pourra aussi débloquer des prêts «préventifs» pour empêcher que des pays fragiles soient entraînés dans une crise de la dette. Après avoir accordé un plan d’aide substantiel, la zone euro n’entend pas s’arrêter en si bon chemin, des propositions pour améliorer sa gouvernance seront faites «avant la fin de l’été» avec la chancelière allemande Angela Merkel, selon le président Sarkozy, alors que l’avenir même de la zone semblait en péril avec la crise grecque.
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