Maison de l'Algérie-Pont d'intelligence

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Club "Génération Entrepreneurs" en Algérie

mardi 5 juillet 2011

Christoph Partsch, DG d’AHK : «Les Allemands veulent réaliser des investissements durables»


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Les investisseurs allemands s’intéressent encore au marché algérien, mais appréhendent les augmentations de capitaux des sociétés à 100% allemandes pour que la partie algérienne soit majoritaire, a confié le DG de la Chambre de commerce et d’industrie algéro allemande (AHK), Christoph Partsch. Il affirme dans cet entretien que le gouvernement algérien soutient l’initiative Desertec.
Pourriez-vous faire un point de situation sur les rapports d’AHK avec les autorités algériennes ? Les relations sont excellentes entre les deux pays. J’ai eu quelques rendez-vous avec les responsables des ministères de l’Industrie, des PME et de la Promotion de l’investissement (MIPI), le ministre de Commerce et  j’ai rencontré le numéro 2 ou 3 au niveau de l’administration (publique), avec aussi le gérant de la SAFEX, le DG de la CACI (Chambre algérienne de commerce et d’industrie) et celui de l’ANDI (Agence nationale de développement de l’investissement). Nous avons discuté des possibilités et du grand potentiel de coopération et des rares contentieux que nous avons en commun.
Justement, quels sont ces contentieux ?Il existe très peu de cas que nous règlerons. Il s’agit de contentieux sur le plan de l’investissement. Avec le ministère de la PME, nous avons discuté du climat des investissements pour les entreprises allemandes en Algérie et à cet effet, nous faisons de la publicité lors des foires et salons en Allemagne et ailleurs.
Est-ce que certaines mesures posent problème aux opérateurs allemands intéressés par l’investissement en Algérie ?Il y a eu la visite du président allemand (Christian Wulff) et celle de la chancelière (Angela Merkel). En mars 2011, nous avons installé une commission mixte présidée par le ministère de l’Industrie algérien et son homologue allemand. Il reste bien sûr des questions à résoudre, notamment le partenariat. Il faut savoir que la plupart des éventuels investisseurs allemands sont des PME, gérées par des familles, qui ont jusqu’à 2 à 3 milliards d’euros de revenus.
La mesure la plus importante est celle du partage du capital, selon la formule 51% pour la partie algérienne et 49% pour le partenaire étranger avec le management de la société mixte. Que remettent en cause les opérateurs allemands ?Les Allemands sont ici pour effectuer des investissements durables gagnant - gagnant en apportant de la formation aux Algériens. Bien sûr, ils veulent réaliser des profits en Algérie, mais ils veulent s’assurer de la pérennité de cet investissement et du partenaire algérien, détenteur de la majorité du capital dans le temps et avoir la garantie sur la protection de ce placement. A titre d’exemple, en cas d’augmentation de capital pour les investisseurs qui sont là depuis plusieurs années avant cette fameuse loi, est-ce qu’il faudra prendre un partenaire algérien pour les investissements 100% allemands ou en changer avec l’option de 51% du capital octroyé à celui-ci. Les investisseurs allemands appréhendent la rétroactivité de cette mesure. En effet, il n’y a pas de rétroactivité, mais dans ce cas précis, le risque y est. Pour l’instant, nous n’avons pas reçu de réponse à ce sujet.
Il serait judicieux d’organiser un débat autour de la question avec les autorités algériennes et les acteurs du marché ainsi que les investisseurs des deux pays pour discuter de ce dossier. S’agissant des nouveaux investisseurs, il est plus facile de les convaincre s’il n’y avait pas la question du partenariat. C’est une question de psychologie de l’investisseur. Ils désirent que cela ne soit pas rétroactif et que cela soit clair et juste. A ces trois conditions, la réponse est positive de leur part.
Actuellement, les investisseurs étrangers s’intéressent de plus en plus aux créneaux hors hydrocarbures. Comment se positionne l’Allemagne ?Il existe des investisseurs étrangers en Algérie qui ont une histoire beaucoup plus longue que celle des entreprises allemandes. Il existe entre autre Sintel et Bayer avec Healthcare. Le marché algérien est tellement grand qu’il y a encore de la place pour d’autres. Il est dans l’intérêt de l’Algérie de ne pas céder le monopole à un seul pays dans l’investissement. Les Allemands sont très forts dans les énergies hors hydrocarbures, surtout dans les énergies renouvelables. Il existe un marché gigantesque et l’Algérie a le potentiel pour prendre part à ce marché qu’il faudra développer pour que le monde puisse survivre au problème de l’énergie. Car, à mon avis, l’industrie des hydrocarbures est dépassée. A court terme, on en a encore besoin, mais dans l’avenir, il faudra lui trouver une alternative. Les investisseurs allemands sont bien placés dans ce domaine, l’industrie allemande l’est également et la décision de notre gouvernement est déjà prise et l’Algérie constitue un important partenaire dans ce domaine.
A ce propos, est-ce que le projet Desertec se réalisera avec les Algériens ?L’initiative Desertec est non gouvernementale donc privée. Elle a été conçue en Allemagne, mais elle est aujourd’hui, internationale. Il existe des entreprises françaises, algériennes égyptiennes. Cela pourrait permettre de faire du lobbying en vue d’une décision qui devrait être prise au niveau gouvernemental. Mais malheureusement, ce domaine se nationalise ; donc, il faudra trouver un accord entre plusieurs Etats. Je trouve, personnellement, que c’est une très bonne initiative dans laquelle tous les pays sont invités à participer. Au départ, à juste titre, le gouvernement algérien a demandé à en savoir plus sur cette initiative. A mon avis, la partie allemande a mal initié le projet en ne demandant pas l’avis des autorités algériennes.
Aujourd’hui, les déclarations des officiels algériens donnent confiance de voir se réaliser cette initiative. Le ministère de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement considère que c’est une bonne initiative. En tant que chambre de commerce et d’industrie, nous sommes un point focal de cette initiative. L’AHK représente l’initiative Desertec en Algérie. Nous avons reçu auprès du ministère de l’Industrie le soutien à cette initiative. L’Algérie est la mieux placée pour réaliser ce projet. Bien sûr, le Maroc est plus proche de l’Espagne. Il y a déjà le coût moindre de l’électricité entre les deux pays mais cela n’empêche pas de réaliser ce projet ici (Algérie), transférer le produit en l’Allemagne via l’Italie. L’Algérie est un grand territoire et c’est le pays le plus stable de la région. Tous les indicateurs sont forts favorables à l’Algérie.
Les retombées et enjeux économiques sont très importants pour l’Europe. Que gagne l’Algérie dans un tel projet ? Nous avons bien compris que l’Algérie veut d’abord assurer de l’énergie pour sa population et ensuite penser à l’exportation si on arrive à produire de l’électricité. Je n’ai pas le sentiment que les Algériens aient besoin d’arguments pour adhérer à ce projet, car l’opinion est favorable.
Comment se fera l’exportation de cette électricité à base de solaire ?Nous n’avons pas encore les détails, car il est encore trop tôt. Il y aura une deuxième conférence au Caire avec les membres. Je suis sûr que les Algériens y seront invités.
Les investisseurs allemands s’intéressent à plusieurs créneaux qui n’ont pas été investis par les opérateurs d’autres pays, dont l’agriculture. Que pensez-vous de ce volet ?Il avance mais lentement ! Il y a aussi le commerce, car il est très fort entre les deux pays, mais nous pourrions faire mieux au niveau des douanes des deux pays pour voir comment appliquer un régime préférentiel à l’accès des produits des deux pays sur les deux marchés respectifs, algérien et allemand. Pour les visas, nous travaillons sur le dossier et j’en suis sûr qu’on aboutira à des solutions bientôt.
L’industrie mécanique allemande a bonne réputation. Y aurait-il des négociations dans ce domaine avec les autorités algériennes comme cela s’est fait à propos de Volkswagen?Pour le dossier d’usine de montage de véhicules, il faudra voir avec Volkswagen. Mais il y a plusieurs investisseurs bien plus petits qui conduisent des négociations, à l’instar des cinq entreprises qui expriment leur souhait d’importer des machines pour la production de sachets à pilules en médecine.
Ce sont des cas de vente qui sont les premiers pas vers l’investissement, mais je ne connais pas les détails ni les entreprises concernées. Il faut dire que la majorité des entreprises dans l’industrie pharmaceutique sont allemandes. Aujourd’hui, les sociétés dans ce domaine sont internationales. A titre d’exemple, le groupe Bayer a acheté plusieurs entreprises présentes en Algérie. Beaucoup de secteurs hors hydrocarbures intéressent les Allemands dont celui du tourisme.

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