Maison de l'Algérie-Pont d'intelligence

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Club "Génération Entrepreneurs" en Algérie

jeudi 17 mars 2011


Commentaire : Une feuille de route pour le développement


La conception d’une politique de développement se définit par rapport à plusieurs paramètres. D’abord, il faut se fixer des objectifs et des moyens pour les atteindre. Comme le développement est une œuvre de longue haleine il faut une feuille de route qui précise les étapes à franchir et l’échéance ultime à respecter coûte que coûte. La feuille de route est donc vitale et incontournable. 
Elle est mobilisatrice des énergies et des potentialités nationales et surtout donne un sens à la Nation en affichant des ambitions et des paris à relever. Est-ce suffisant ?  Certainement pas. La définition des objectifs doit être claire, rigoureuse et cohérente. Il ne s’agit pas de rassembler des objectifs disparates, sans aucun lien entre eux. Ce serait l’échec. Par exemple, il n’est pas cohérent d’avoir une politique budgétaire volontariste et une politique monétaire restrictive. Les deux politiques doivent converger vers l’objetif sacré de soutenir la croissance, création d’emplois et les exportations. Certes, il ne faut pas perdre de vue que la politique monétaire vise aussi à assurer la stabilité de prix. Cependant, la maîtrise de l’inflation ne doit pas se faire au détriment de la croissance. D’ailleurs, c’est au débat récurrent et toujours d’actualité. Ainsi, le reproche qui est fait à la Banque centrale européenne (BCE) est justement de privilégier, même un peu trop, une politique monétaire restrictive, pour contenir les pressions inflationnistes, au détriment de la croissance économique. La crise financière mondiale a remis les pendules à l’heure, à cause du développement du chômage et de la mollesse de la croissance. La BCE est moins exigeante actuellement sur la distribution de crédits à l’économie, en général et le financement des plans de relance adoptés par pratiquement tous les pays membres pour relancer la croissance et l’emploi, en particulier.
L’Algérie a une économie à construire, d’une part et des vulnérabilités à éliminer progressivement, d’autre part. Une économie à construire pour se libérer progressivement de la dépendance à l’égard des hydrocarbures. 
C’est une question vitale pour le devenir du pays. Les vulnérabilités de l’Algérie ne sont pas exclusivement de nature économique. Elles sont nombreuses et ne peuvent être dépassées que grâce à une vision globale et dans le cadre d’une feuille de route. A titre d’exemple, la préservation du territoire national due à la désertification ou à la dilapidation des terres agricoles, est un combat qui dépasse la durée de vie d’une génération. La feuille de route qui les prend en charge, a le mérite de transcender les aléas et les vicissitudes. L’on sait comment a été décidé, par exemple, l’abndon du barrage vert, œuvre stratégique, et que l’on tente aujourd’hui de reprendre. Le pays a perdu trois décennies. L’Algérie a trop souffert de la politique de développement en dents de scie, ou pour être plus juste, d’un développement inachevé.
Depuis 2001, le pays construit des infrastructures de base pour combler un immense retard et aussi pour soutenir la croissance économique et satisfaire les besoins croissants et quotidiens de la population. 
Dans le cadre du programme 2010-2014, l’accent est mis sur la redynamisation des capacités productrices. C’est ainsi que l’industrie et l’agriculture vont bénéficier respectivement de 2000 milliards de dinars et de 1000 milliards de dinars. Les récentes mesures décidées par les pouvoirs publics d’injecter 183 milliards de dinars en faveur de l’emploi des jeunes méritent d’être soulignées. 
Tous ces projets doivent être intégrés dans une stratégie globale, une vision reflétée par une feuille de route. C’est une nécessité car il n’est pas sûr que l’embellie financière dure indéfiniment ou que nos réserves d’hydrocarbures se renouvellent constamment. La feuille de route doit se fixer un double objectif : éliminer les vulnérabilités de l’Algérie, d’une part et construire une économie hors-hydrocarbures, dense, diversifiée et parfaitement intégrée à la mondialisation d’autre part. Qu’on le veuille ou non, la mondialisation est un processus universel qui s’impose à tout le monde. Par conséquent, la construction d’une économie hors-hydrocarbures impose obligatoirement l’émergence d’un marché financier qui suppose au préalable la modernisation et la réforme du système bancaire. En effet, il arrivera un jour où la croissance ne sera plus tirée par la dépense publique et que son financement, par conséquent, passera par le marché financier. C’est une règle de l’économie de marché. Enfin, il faut encourager les IDE car le secteur privé national a des moyens limités pour contribuer efficacement à l’émergence d’une puissante économie productive. Le secteur public est toujours en proie à des difficultés comme l’attestent les concours de l’Etat pour le mettre au niveau ou restructuer ses dettes. Il ne peut donc, lui aussi, contribuer à réaliser un tel objectif. Il faut souligner que les IDE permettent à un pays de s’intégrer rapidement dans la mondialisation. Ils favorisent, en effet, un transfert de technologie et les exportations hors-hydrocarbures. 
Cette toile de fond permet de comprendre la nécessité d’une feuille de route dont le contenu est facile à élaborer compte tenu de l’état des lieux et des moyens disponibles. Il suffit d’oser pour nourrir une ambition légitime et à portée de l’Algérie.

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