Maison de l'Algérie-Pont d'intelligence

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Club "Génération Entrepreneurs" en Algérie

dimanche 27 février 2011


Production locale
 L'opérateur économique algérien est-il capable de productivité ?


Si les entreprises algériennes pèchent par leur manque de compétitivité, l'entrepreneur algérien pèche quant à lui par manque d'ambition et manque de culture d'entreprise. Cela rend la tâche ardue pour le devenir de la productivité qu'a souhaitée Abdelaziz Bouteflika lors de son dernier message adressé à la nation à l'occasion du double anniversaire du 24 février. Le président de la République assure que pour sa part "l'État se chargera d'initier les changements nécessaires au plan structurel, de mettre en place les instruments de la régulation économique et les facilitations à même d'améliorer le climat des affaires et de favoriser l'investissement productif". Il  interpelle les acteurs " économiques à "(…) élargir le spectre de leurs activités en s'orientant davantage vers les activités de production, seules à même d'assurer et de conforter l'indépendance économique du pays et de générer des richesses et des emplois pérennes et ne plus se localiser sur les activités d'importation qui accentuent la dépendance du pays vis-à-vis de l'étranger". Ces derniers opérateurs algériens seraient-ils aptes à relever ce défi et aller vers la production ? Une question à laquelle deux experts ont bien voulu répondre et se rejoignent sur quelques points essentiels. Il s'agit du manque d'ambition des entrepreneurs algériens et de la ressource humaine, mais aussi de l'esprit de créativité qui fait défaut. Pour Lies Hamidi docteur en droit et directeur de l'Institut de développement de l'entreprise et de gestion "l'absence d'entrepreneurs locaux, capables de financer des projets économiques importants ou de réhabiliter des entreprises techniquement obsolètes, constitue, à ne pas douter, une contrainte sérieuse dans l'acte d'investissement productif pour un grand nombre d'investisseurs ; l'orientation vers l'investissement à la rentabilité immédiate et au risque réduit constitue la règle. Il s'agit pour l'essentiel d'opération d'import-export et de spéculation immobilière." Alors que pour le Dr Mhammed Hamidouche, expert auprès de la Banque mondiale "les entrepreneurs algériens vont camper sur leurs positions et investir en regardant sur le court terme. Les détenteurs  de capitaux ne sont intéressés que par les courtes échéances des délais et se retournent vers l'import. Où les délais de retour de l'investissement sont réduits". Cependant, les deux intervenants mettent cela sur le compte de "la culture d'entreprise" et qu'"il faut une véritable révolution mentale  et de grands efforts d'adaptation pour emmener l'investisseur local à plus de créativité et d'imagination", selon Le Dr Hamidi pour lequel "les entrepreneurs nationaux n'ont jamais été préparés à la compétitivité" et que "toute implication dans le processus demande non seulement un savoir faire technique et technologique mais aussi des connaissances dans des domaines aussi divers que la gestion ou le management ; autant d'éléments encore naissants en Algérie". 
Il est d'ailleurs vite rejoint par son confrère, le Dr Hamidouche qui lui attribue cela aux dernières décisions prises par le président de la République, notamment sur le plan du foncier et celui du financement. L'expert de la Banque mondiale considère que "les dernières mesures prises en faveur du développement de l'investissement et de l'actuel climat des affaires en Algérie, rien n'a été fait. L'Algérie n'a pas évolué et le climat des affaires reste toujours le même. Il faut dire que des obstacles existent, tel que le foncier. La dernière loi a compliqué encore plus l'accès aux terrains. La concession doit être une simple option parmi tant d'autres pour accéder au foncier. Sur le plan du financement, les reformes du système bancaire sont nécessaires. Celles-ci doivent être de troisième génération. C'est-à-dire, aller directement à la privatisation des banques en changeant les lois. Il ne peut pas y avoir de banques commerciales publiques mais des banques pour le financement du développement économique ; donc une banque destinée à la PME ou de Solidarité ou bien sous forme de Caisse d'équipement et le financement des projets stratégiques". Néanmoins, les deux universitaires restent optimistes quant à une possibilité de relever le défi lancé par Bouteflika. 
"Ce faisant, des entrepreneurs sont à même de relever le défi de l'investissement productif, créateur d'emploi et de richesse pérennes", soutient le Dr Hamidi, qui ajoute que "pour se faire, toute politique d'investissement devrait réunir les conditions de son succès en tenant compte des contraintes aussi bien internes qu'externes". Les mêmes préconisations sont établies par le Dr Hamidouche qui mise sur "les opérateurs (qui) vont aller vers les secteurs les plus rentables tels que l'agroalimentaire ou l'agro-industriel" mais que "bien sur qu'ils peuvent aller vers la productivité si on règle le climat des affaires"  affirmant qu'"il y un important potentiel qui est le financement et que même si on n'a pas investi dans le management, des ressources humaines existent, tout comme le partenariat, d'ailleurs. En plus, il y a un potentiel de marché de plus de 50 millions de consommateurs à travers la région maghrébine. Ce qui manque c'est le développement de l'innovation et de la créativité".
Propos recueillis par Azzedine Belferag

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