Maison de l'Algérie-Pont d'intelligence

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Club "Génération Entrepreneurs" en Algérie

lundi 7 février 2011




Ali Boukrami : “L’Algérie peut réaliser 

une croissance économique à 2 chiffres”


L'Algérie est en mesure de réaliser une croissance économique à deux chiffres,
 pour peu qu'elle augmente sa productivité qui reste encore faible, 
a indiqué hier le secrétaire d'Etat chargé de la statistique, M. Ali Boukrami.


L'Algérie est en mesure de réaliser une croissance  économique à deux chiffres, pour peu qu'elle augmente sa productivité qui reste  encore faible, a indiqué hier le secrétaire d'Etat chargé de la statistique,  M. Ali Boukrami.        
"Nous pouvons réaliser une croissance à deux chiffres si nous augmentons  notre productivité qui est actuellement faible", a déclaré à l'APS M. Boukrami,  appelant à réorienter l'investissement public vers la production.        
Selon ses explications, la croissance en général est le résultat de  trois facteurs clés que sont l’augmentation du travail, la hausse du capital  et la progression de la productivité.        
Or la croissance en Algérie est beaucoup plus le résultat de l’augmentation  du capital que de la productivité qui reste faible, malgré le nombre important  d’emplois créés ces dernières années.        
Détaillant son analyse, il a expliqué que "chaque point d’augmentation  du taux d’emploi donnera lieu à 1,5 point de hausse de croissance, mais cette  corrélation n’est pas évidente dans le cas de l’Algérie pour des considérations  de productivité".        
Même avec l’augmentation du taux d’emploi de 3% ces dernières années,  à l'exception de l'année 2010 qui a enregistré une croissance de 4%, l’Algérie  n’a pas réussi à transformer ce taux d'emploi en croissance équivalente, explique  M. Boukrami, en plaidant pour le développement de l'investissement productif.        
 "Cela veut dire que les emplois qui ont été créés n’ont pas une grande  productivité", a-t-il constaté en soulignant que "l’enjeu de l’économie nationale  est de revenir à la productivité et à une utilisation rationnelle des moyens  de production".        
Il constate que le financement de l’investissement public "a atteint  son plafond durant les deux dernières années, alors que l’investissement  privé reste faible et dépendant dans sa majorité des contrats publics".        
En 2009 par exemple, environ 3.800 milliards (mds) de dinars (environ 53  mds de dollars) ont été alloués à l’investissement public, alors que l’investissement  privé dans un secteur très productif comme l’industrie n’a pas dépassé 6 mds  de dinars durant cette période contre 3 mds de dinars en 2008, a-t-il avancé pour illustrer  cet important écart.        
Dans ce cadre, il observe que l’investissement public pose, depuis deux  ans, "un problème d’absorption financière", soulignant à ce propos l’instruction  du Président de la République d’effectuer une évaluation régulière des capacités  de ces ressources et leurs incidences sur la croissance.          
En outre, note-t-il, l’essentiel de l’investissement public, durant  les deux dernières années a profité plus à l’importation des équipements publics  qu’à l’économie réelle productive.        
M. Boukrami explique cependant que ce programme d’équipement a donné  à l’Algérie une Productivité globale des facteurs (PGF) exceptionnelle, c’est  à dire une croissance liée à l’organisation, à la technologie et aux infrastructures  et qui va à terme lui donner un avantage concurrentiel en matière d’investissement.        
Mais les incidences de cet investissement de soutien sur la croissance  sera faible s’il n’est pas vitalisé par des investissements productifs appropriés,  a-t-il averti.
 A la question de savoir si les autorités publiques prévoient de  réduire cet investissement, le secrétaire d’Etat aux statistiques a répondu :  "de facto il sera réduit et réorienté vers les secteurs productifs car dans  le cas contraire, plus on investit dans ce soutien plus les effets attendus  ne seront pas atteints", prévient-il.
Encore faut-il, suggère M. Boukrami, améliorer le climat d’investissement,  en mettant l’administration au service des opérateurs économiques.
La priorité du gouvernement sur ce point est de "parvenir à une stabilité  institutionnelle", c’est à dire parvenir à produire des textes adéquats en matière  de législation économique, en tenant compte de l’environnement économique,  et de diminuer leur nombre jugé élevé, explique-t-il.
Commentant enfin, le choix pour l'investissement public, M. Boukrami  a indiqué "qu'il n'était délibéré mais un choix de realpolitik" de la part des  autorités publiques qui étaient contraintes d'assumer l'investissement en l'absence  des IDE.        
Il y a aussi "des stratégies géopolitiques qui ont écarté l'Algérie  de capter les investissement étrangers", reconnaît M. Boukrami en notant  que la répartition 49/51% du capital dans le cadre des IDE n'explique pas cette  réticence puisque les plus grands pays qui attirent les IDE dans le monde appliquent  cette répartition.
En 2010, la croissance économique de l'Algérie affichait un taux de  4% contre 2,4 % en 2009, selon des chiffres provisoires fournis par M. Boukrami.  Le PIB s'est chiffré en valeur à 11.500 milliards de dinars (environ 158 mds de  dollars, ndlr), pas loin des 159 mds de dollars prévus par le FMI dans son dernier  rapport.        
Le secteur des hydrocarbures a continué à contribuer pour une grande  part dans le PIB en 2010, entre 40 et 45%, contre 31,4% en 2009, alors que  les secteurs des services et du BTP ont constitué comme d'habitude la locomotive  de la croissance de l’Algérie en 2010, grâce aux grands programmes d’équipements  publics.        
En revanche, l’industrie est restée pratiquement stable en 2010, et  pourrait même s’inscrire en légère baisse à 5% contre 5,5% réalisés en 2009,  tandis que la part de l'agriculture est passée de 9,2% en 2009 à près de 11%  en 2010.        
Pour 2011, le PIB de l'Algérie est appelé à augmenter à près de 170  mds de dollars, anticipe M. Boukrami.
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Fiabilité des chiffres de l'ONS :
L’Office est "indépendant  et n’accepte pas d’être manipulé" 
L’Office national des statistiques (ONS) est une institution  publique indépendante, qui ''n’accepte pas d’être manipulée'', a affirmé M. Ali Boukrami, soulignant que les chiffres  produits par l'Office, notamment ceux relatifs à l’inflation et l’emploi, sont  élaborés suivant des méthodes universellement admises.
L’ONS "est par définition une institution indépendante de service public,  ses cadres ont une très haute dignité et n’acceptent pas d’être manipulés ou  influencés", a-t-il souligné, dans un entretien à l’APS, en réponse à une question  sur la fiabilité des chiffres publiés par l’ONS, souvent mises en doute par  des experts et des organismes internationaux.  
 Il a précisé que la polémique que suscite la publication des chiffres  de l’inflation par exemple trouve sa source dans "la différence qu'il y a lieu  de faire entre la mesure et la perception des phénomènes".  
"Pourquoi l'inflation perçue s'écarte-t-elle de l'inflation mesurée?  car le consommateur juge les prix des produits selon leurs niveaux et non pas  selon leurs variations d’une période à une autre'', explique-t-il.     A titre d’exemple, la variation du prix d'un kg de viande qui coûtait  930 DA en 2010 contre 920 DA en 2009, est légèrement à la hausse pour le statisticien  mais pour le consommateur "l'écart est énorme" car ce niveau des prix ne correspond  pas à son pouvoir d’achat.   Certains observateurs et même consommateurs qui estiment que la hausse  des prix est plus importante que les taux d’inflation annoncés par l’ONS, fondent  leur jugement sur ces niveaux élevés des prix de ces produits et non pas sur  leur variation, relève-t-il.   
Le problème qui se pose en Algérie, c’est le cumul de cette hausse ressentie  par les consommateurs, notamment les couches les plus vulnérables, poursuit  M. Boukrami, qui s’est dit ''en accord'' avec ce constat, selon lequel, les  prix de certains produits sont élevés. En outre, ces contestataires ne doivent pas perdre de vue que le panier  de produits servant de référence pour mesurer l’inflation n'est pas constitué  uniquement des biens à forte variation de prix tels que les biens agroalimentaires achetés quotidiennement par les consommateurs comme le pain, ou les légumes. Ce panier comprend également, rappelle M. Boukrami, les achats de biens  durables (voitures, ordinateurs, machines à laver, etc.), les transactions fréquentes  immobilières (loyers, etc) et les biens subventionnés, qui représentent à eux  seuls près de 23% de la composante globale du panier. Selon lui, le renchérissement du prix de plusieurs produits de  base trouve, en partie, son origine dans le manque de productivité, et aggravé  par ce qu'on appelle ''l'inflation importée'', qui répercute sur le marché national  la hausse des prix sur les marchés internationaux. "L’ONS s’arrête à son travail de mesure de l’inflation, le reste ne  dépend pas de cet Office. Le gouvernement milite fortement pour l’indépendance  de l’ONS", affirme M. Boukrami avant d’ajouter que ''l'IPC (Indice des prix  à la production) utilisé par l'Office est un indicateur universellement utilisé  et dont la méthodologie d'estimation est définie et validée par les organismes  internationaux des statistiques.   Il est nécessaire, selon lui, de préserver ''le pouvoir d’achat des  (couches sociales) les plus vulnérables à travers une  nouvelle répartition  des transferts sociaux''. ''Bien qu'exceptionnellement importants, près de 15 milliards de dollars  de transferts sociaux par an, soit 10% du PIB, l'impact est peu perceptible  au niveau de la population'', relève t-il encore.   "Il faut réfléchir sur les modalités d’un meilleur ciblage de ces transferts,  il n’est peut-être pas juste que tout le monde puisse bénéficier de certaines  subventions, quelle que soit leur situation financière", recommande-t-il.   
 Selon le Secrétaire d'Etat à la statistique, ''l’analyse de l’IPC sera  biaisée si elle est faite indépendamment des autres indicateurs macroéconomiques,  tels que l’indice des salaires, le taux de chômage et la variation de la masse  monétaire''.    
 L’indice de l’inflation en Algérie est calculé sur la base des variations  des prix de 800 produits composant le panier de la ménagère. La structure et  les prix de ces produits sont définis selon une enquête sur les dépenses consommation  de 12.000 ménages, réalisée tous les dix ans.   
Actuellement, l’inflation est calculée sur l’IPC issu de l’enquête de  2000, une année de référence contestée par certains observateurs, qui estiment  qu’il ne reflète ni l’état actuel des prix des produits ni les changements dans  le mode de consommation des ménages.  Cet indice sera revu en 2012 à la faveur d’une autre enquête sur les  dépenses des ménages, en cours d’élaboration, qui va servir de base du calcul  de l’inflation, promet le ministre.   Le département des statistiques pourrait revoir aussi la fréquence de  l’enquête dépenses des ménages pour la ramener à cinq ans au lieu de dix ans,  prévoit-il.     
Le comportement des consommateurs sera suivi entre-temps à travers une  enquête annuelle sur les attitudes et les comportements des ménages, et si cette  enquête réussit, il n'y a pas lieu de revoir la fréquence de l'enquête ''dépense-consommation''  des ménages, qui demeure une enquête lourde, précise toutefois M. Boukrami.  
Le taux d'inflation en Algérie s'est établi en baisse à 3,9% en 2010,  contre 5,7% en 2009, en raison notamment du net recul des prix des produits  agricoles frais
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Série d'enquêtes en 2011 pour fiabiliser les données socio-économiques de l'Algérie
L'Algérie lancera une série d'enquêtes à partir de  cette année afin de "fiabiliser et actualiser les données socio-économiques"  du pays, a annoncé hier M. Ali Boukrami, secrétaire d'Etat chargé de la  statistique.     
Le coût total pour la réalisation de ces enquêtes, dont la plupart sera  réalisée par l'Office national des statistiques (ONS), s'élèvera à 2,4 milliards  de dinars, dont plus de 1,13 milliard de dinars consacré au recensement économique,  a indiqué M. Boukrami dans un entretien à l'APS.    
Outre le recensement économique, ces opérations concernent les dépenses  et la consommation des ménages, le recensement général agricole (RGA), l'enquête  annuelle chômage et emploi, et le calcul de l'indice du développement humain.     
Le recensement économique, déjà entamé en 2010, "aidera à actualiser les  données sur l'économie algérienne à travers la mise en place de fichiers et  de répertoires devant faciliter l'interconnexion des bases de données, et partant  permettre aux décideurs d'y adopter les politiques économiques adéquates", selon  M. Boukrami.    
Cette enquête "extrêmement importante", selon M. Boukrami, a été dictée  par le besoin de fiabiliser les répertoires économiques déjà existants, et sera  réalisée en deux phases distinctes.      
La première phase, déjà entamée, consiste à dénombrer, à travers un balayage,  de 1,6 million d'entités relevant de toutes les activités économiques, à l'exception  de l'agriculture, afin de mettre en place un fichier général des entreprises  et établissements. Elle sera suivie, fin mars prochain, d'une phase sondage,  pour approfondir ces données.       
L'enquête sur la consommation des ménages, lancée en octobre dernier,  s'étalera sur toute l'année 2011, et concernera 12.000 ménages à travers le  territoire national et portera sur quelque 800 produits de consommation et services.        
Réalisée tous les dix ans, cette enquête va aider à actualiser les indices  des prix à la consommation (IPC) servant à mesurer le rythme d'inflation, a  précisé M. Boukrami.      
D'autres enquêtes nationales relatives au RGA et au calcul de l'indice  du développement humain (santé, éducation ...) seront conduites par les ministères  de l'Agriculture et de la Santé, avec l'assistance technique de l'ONS.     
L'ONS ouvrira, très prochainement, trois nouvelles annexes pour étoffer  son réseau à travers le pays. Ces annexes qui seront implantées à Sétif, Tlemcen  et Ghardaïa s'ajouteront aux annexes locales déjà ouvertes à Béchar et Annaba.  L'Office, qui dispose de quatre directions régionales (Alger, Oran, Constantine  et Ouargla) mise sur une présence plus marquée pour une meilleure connaissance  du paysage régional et local, afin de répondre aux besoins en matière d'informations  statistiques pouvant aider à prendre des choix et des décisions appropriées.      
Dans le cadre de la politique statistique du gouvernement il est prévu  le recrutement de 252 ingénieurs en statistique cette année, et cet effort  sera maintenu les années à venir en vue de renforcer les services statistiques  des secteurs.

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