Maison de l'Algérie-Pont d'intelligence

Maison de l'Algérie-Pont d'intelligence
Club "Génération Entrepreneurs" en Algérie

vendredi 25 février 2011

«L’APPORT DE L’INVESTISSEMENT PRIVE DE QUALITE EST SOUHAITE»


Smaïl Mimoune, ministre du Tourisme et de l’Artisanat au Le Chiffre d’Affaires
Revenant sur les différentes démarches entreprises par le ministère qu’il dirige, Smaïl Mimoune, ministre du Tourisme et de l’Artisanat, évoque les différents plans engagés dans la perspective d’améliorer le rendement du secteur ainsi que l’image de la destination Algérie. A bâtons rompus, le ministre, qui a accepté de se prêter à notre jeu de question-réponse, dévoile, dans cet entretien, sa pensée profonde quant à la manière dont il compte mener la barque du tourisme national à bon port. Dans la situation actuelle, favorisée par une vision pragmatique des choses au niveau du gouvernement, des moyens financiers capables de redresser la barre seraient en mesure de donner un nouveau souffle au tourisme national, mais il ne seront pas tenus pour seuls garants d’une réussite fulgurante, assène le ministre. Il insiste sur la nécessité de voir tous les acteurs locaux investis dans la perspective de donner à l’Algérie «un statut de destination concurrentielle, compétitive car spécifique et originale».  Un défi ! En voilà un que le premier responsable du secteur, convaincu du bien fondé de la démarche entreprise, la considère comme étant nécessaire et impérieuse.  Sur ce, il assène que le fait de «relever le défi de la qualité est devenu pour nous une impérieuse et incontournable nécessité». Ainsi, donc, tous les espoirs sont permis puisque, dira le ministre, «des perspectives heureuses et des résultats probants et positifs peuvent être escomptés à l’horizon 2014 et au-delà», à la condition -bien sûr- «qu’il y ait une participation effective et convaincue de tous les secteurs concernés par la transversalité et l’inter sectorialité».
Interview.
Le Chiffre d’Affaires : Monsieur le Ministre, vous avez, depuis votre installation, insisté sur la mise sur le marché de nouveaux produits pour le développement d’une nouvelle stratégie de mutation du tourisme national en tourisme réceptif. Comment comptez-vous relever ce défi, sachant qu’à l’échelle régionale, plusieurs pays se disputent les mêmes touristes concernés, notamment européens ?

M. Smaïl Mimoune : En termes de stratégie, il ne s’agit pas d’une mutation du tourisme domestique en tourisme réceptif, car la dichotomie n’a pas lieu d’exister entre ces deux types de tourisme. C’est un seul ensemble territorial touristique, au sein duquel peuvent évoluer et se déplacer, autant les touristes nationaux que les touristes étrangers. Ces deux catégories font l’objet d’ailleurs de mêmes offres touristiques, de mêmes structures d’hébergement et autres moyens utilisés dans le but d’un développement touristique.
Ceci étant, il a été retenu parmi nos priorités à court terme, la relance du tourisme particulièrement domestique en faveur des nationaux, résidents ou non résidents. Il est à noter que ce volet a été pratiquement relégué, pendant près de deux décades, forcé par des événements qui se sont caractérisés pratiquement par une période de «non-tourisme». C’est d’ailleurs à ces séquelles que nous nous attelons à apporter, graduellement, les remèdes nécessaires et appropriés.
Un tourisme domestique bien développé, bâti sur la base de standards internationaux, profiterait d’abord aux consommateurs nationaux et servirait également de référence au tourisme réceptif à l’adresse des étrangers.
A ce sujet, il y a lieu de souligner que les destinations se construisent dans la durée. L’Algérie est dans sa phase de reconstruction en la matière. C’est donc un travail de longue haleine à tous les niveaux d’intervention. Nous nous inspirerons certainement des expériences positives vécues par nos voisins méditerranéens et travaillerons pour recouvrir tout au moins les flux de touristes étrangers qui portaient autrefois leur choix sur l’Algérie.
C’est un travail consistant qui nous attend, et nous nous y engageons pleinement. A terme, la destination Algérie bénéficiera d’un statut de destination concurrentielle, compétitive car spécifique et originale.

Vous avez, sur un autre registre, évoqué, lors de vos différentes déclarations, la nécessité de relever le défi de la qualité. Comment comptez-vous vous y prendre ?
Relever le défi de la qualité est devenu pour nous une impérieuse et incontournable nécessité. Vous n’êtes pas sans savoir que dans tous les domaines, c’est toujours le produit de meilleure qualité qui est recherché et prisé. Il en est exactement de même dans le tourisme.
La destination Algérie a été particulièrement éprouvée durant les années 1990, situation dont les répercussions ont terni son image de marque au niveau des principaux marchés internationaux émetteurs de touristes et, notamment celui européen. A cet effet, un plan «qualité tourisme» a été défini et mis en place. L’adhésion à ce plan, qui s’adresse aux hôteliers, restaurateurs et autres agents de voyages, est volontaire. Il s’agit, en fait, de satisfaire aux conditions d’un cahier des charges, établi par référence à des normes internationales en la matière, pour prétendre à l’obtention d’un label «d’assurance qualité», argument marketing certain et distinctif, apporté sous forme de panonceau scellé a l’entrée de l’établissement en question par les services de nos directions de tourisme de wilaya.
Il est important de souligner que la «qualité» doit être, constamment et sans relâche, suivie et appliquée sur toute la chaîne des prestations touristiques, à commencer par le service d’accueil. Aussi bien nos représentations diplomatiques, les aéroports et ports algériens, dans l’architecture et l’urbanisme des infrastructures touristiques jusqu’à chaque établissement susceptible de recevoir un touriste national ou étranger, la qualité doit se refléter comme un élément distinctif.
C’est pourquoi, il est fondamental que, dans les programmes pédagogiques de formation mis en œuvre dans nos différentes écoles de tourisme et d’hôtellerie, il soit entrepris une mise à niveau du contenu pédagogique des modules qui est devenu désuet et dépassé. Cette révision doit se faire sur la base d’une actualisation et mise en conformité aux normes internationales.
L’offre touristique mondiale évolue sans cesse, en totale adéquation avec tous nouveaux besoins et/ou nouvelles exigences exprimés par les consommateurs. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication aidant, tous les touristes commencent d’abord par bien s’informer, en naviguant et en comparant les offres à travers les sites web.
Il est à rappeler qu’un investissement de qualité, une prestation de service de qualité fournie par un personnel bien formé, et une action promotionnelle de qualité, sont le triptyque indissociable de notre démarche sur le moyen et le long terme.
L’une de vos priorités est la professionnalisation des activités des ATV, dans l’affirmative, comment ?
Tout d’abord, il y a lieu de souligner qu’il existe un grand nombre d’agences de voyages très professionnelles, qui donnent entière satisfaction à leurs partenaires étrangers. Celles de l’extrême sud (Hoggar, Tassili) ou encore du moyen sud (M’Zab, Gourara, Touat), sont autant d’agences réceptives qui ont permis à la destination Algérie d’être toujours présente sur des brochures de tours operators et sur leurs sites Web. C’est donc par cette perspicacité et ce professionnalisme que la destination Algérie a gardé sa place, un peu timidement peut être, mais sûrement, au niveau des principaux marchés émetteurs de touristes. C’est tout à leur mérite, je tenais à le souligner.
Il existe également d’autres agences de tourisme dans le Nord. Des professionnels qui maîtrisent parfaitement leurs activités dans le domaine du réceptif. Les produits exploités consistent en des circuits de tourisme culturel (Tipasa, Djemila, Timgad, Hippone, Madaure, Saint-Augustin), de pèlerinage ou encore de mémoire. Un grand nombre d’autres agences travaillent beaucoup plus dans le tourisme émetteur.
Celles qui ne maîtrisent pas leur métier restent condamnées par la loi du marché et de la concurrence qui les éliminera progressivement. Par un travail de proximité territoriale, nous avons organisé des rencontres auxquelles ont pris part près de 500 sur les 800 agences de voyages existantes.
Aussi bien à Tamanrasset, à Djanet, à Ghardaïa, à l’Est, à l’Ouest et au Centre, les représentants des agences de voyages présentent se sont clairement exprimées pour exposer leurs problèmes, quelquefois avec passion. Ils ont été écoutés et la plupart de leurs doléances ont été inscrites pour être prises en charge par mon département ministériel. Les préoccupations qui avaient une solution à court terme ont été réglées, celles qui présentent des particularités font l’objet d’un examen déjà en cours, et verront, pour chaque cas, une prise en charge adaptée.
Nous avons reçu à plusieurs reprises les présidents de la Fédération nationale des associations de tourisme (Fnat)  et du Syndicat national des agences de voyages (Snat). Il a été constaté avec beaucoup de satisfaction que c’étaient des interlocuteurs de qualité qui avaient des propositions et suggestions intéressantes. Un professionnalisme indéniable enrobait leur propos avec des idées constructives. Tant qu’ils agiront avec cet esprit qui a tendance à participer au développement du secteur, ils seront les bienvenus. Car ils ont un grand rôle à jouer dans la reconstruction de la destination Algérie.
Pourriez-vous faire une première évaluation de la mise en œuvre du Sdat ?
Le Sdat a été lancé en 2008 et dont l’aboutissement est prévu à l’horizon 2030. Aligné sur le Snat,il a connu des débuts timides, il faut le reconnaître, car c’est la première fois, depuis les années 1980 qu’un cadre de référence qui reflète la philosophie de la nouvelle politique a été tracé.
Pendant de longues années, on naviguait a vue, de manière sporadique et ponctuelle. Aujourd’hui, il s’agit d’une approche scientifique, méthodologique, bien pensée, bien structurée, en parfaite harmonie avec les territoires ou pôles touristiques, destinés à la mise en tourisme. Cette approche scientifique provoque des réticences, voire des résistances de la part de certaines personnes réfractaires au changement innovateur, notamment sur le plan local, territorial. Elles s’élimineront d’elle mêmes, avec le temps.
En ce qui concerne le concret et les aspects positifs, il faudrait souligner que la pierre angulaire de développement d’une destination touristique demeure l’investissement hôtelier. A cet effet, et depuis 2008, 523 projets ont reçu l’aval de notre ministère pour entamer leurs construction , soit 11 853 lits pour le «pôle nord ouest», 15 979 lits pour le «pôle nord centre» .13 005 lits pour «pôle nord est», 3 203 lits pour le «pôle des oasis» .1 300 lits pour le «pôle Touat-Gourara», 88 lits pour le «pôle Ahagger», 74 lits pour le «pôle tassili», ce qui représente un total général, à novembre 2010, de 50 000 lits.
En parallèle, il faudrait former le personnel idoine, de l’exécution au management, en passant par la maîtrise. Nos écoles de Boussaâda, Tizi Ouzou et El Aurassi à  Alger ne suffisent plus. Aussi, pour parer progressivement à ce besoin, une grande école est prévue à Aïn Témouchent, ainsi que la délocalisation de l’ENST d’El Aurassi vers Tipasa, école projetée selon les standards des établissements d’envergure internationale.
En complément, un partenariat avec des centres de formation professionnelle a été mis en place, en vue d’y développer les filières hôtelières et touristiques par des programmes pédagogiques modernes.
Les établissements touristiques et hôteliers publics sont de moins en moins attractifs. Comment, selon vous, remédier à cette situation ?
Je vous le concède. Les hôtels publics dans leur majorité étaient devenus de moins en moins attractifs, car ils étaient nombreux à ne pas bénéficier de rénovation depuis leur ouverture dans les années 1970.
S’agissant d’une opération très conséquente, devant obéir à des règles d’opportunités techniques adaptées aux nouvelles exigences de la pratique professionnelle attendue, je vous informe qu’un dossier de modernisation des hôtels est en cours de préparation et sera prochainement étudié par le CPE.
Par ailleurs, l’apport de l’investissement privé de qualité, national ou étranger, est souhaité de notre part, car les pouvoirs publics n’investissent plus dans le secteur hôtelier. Ce sera désormais du ressort du privé que nous encouragerons et accompagnerons avec souplesse sur le plan des procédures administratives.
Dans le cadre du Sdat, quelles mesures seront prises pour améliorer l’attractivité de la destination Algérie ?
Concernant l’attractivité de la destination Algérie, j’ai répondu en partie, dans les précédentes questions, sauf pour le volet promotion et communication.
L’Algérie touristique souffre d’un déficit d’image, c'est-à-dire, une image négative dans l’imaginaire des touristes potentiels qui résident au niveau des principaux marchés émetteurs de touristes. Cette situation remonte aux années 1990. Par conséquent, il faudrait un plan d’action promotionnel et de communication, bien pensé, bien structuré et destiné à des marchés touristiques qui expriment, via leurs clientèles, des besoins en termes de produit touristiques exotiques, à savoir tourisme saharien et culturel ; deux offres touristiques que l’Algérie est en mesure de proposer et de prendre en charge convenablement à court terme. Quant au tourisme balnéaire, c’est sur le long terme, à l’horizon de la décade 2020- 2030. Commençons d’abord par satisfaire la demande nationale qui est confrontée à un déficit en lits d’hôtels chaque été.
L’apport de l’artisanat dans le développement du tourisme ?
Votre question est pertinente car elle a un lien direct avec nos préoccupations majeures concernant ce secteur primordial au développement du tourisme. Les touristes nationaux et étrangers sont des consommateurs potentiels et friands de ces produits. Nos compatriotes de l’étranger sont avides, également, de tant de produits diversifiés et de qualité, qui, en tant que souvenirs, les rattachent un tant soit peu à leurs pays, l’Algérie.
Pour ce faire, il y a lieu, à notre niveau, de renforcer l’encadrement des activités et des artisans par l’extension du réseau des structures d’appui, consolider les capacités d’intervention des Chambres des métiers et d’artisanat comme espace d’échange impliquant les pouvoirs publics et les artisans, dans une démarche de qualité, développer la coopération internationale dans les domaines de la formation, du savoir-faire, et de l’organisation, et améliorer la créativité qualitative des artisans. Il s’agit ici de quelques aspects concernant l’artisanat et son développement dans une démarche de qualité ancrée dans l’authenticité léguée par nos ancêtres .Un patrimoine culturel à préserver.
Votre dernier mot à propos des perspectives et des résultats escomptés à l’horizon 2014 et au-delà…
Des perspectives heureuses et des résultats probants et positifs peuvent être escomptés à l’horizon 2014 et au-delà, à la condition sine qua non qu’il y ait une participation effective et convaincue de tous les secteurs concernés par la transversalité et l’inter sectorialité. Car il s’agit de la destination Algérie qui nous concerne tous. La politique touristique est pensée et arrêtée par l’administration centrale, puis validée à l’échelle gouvernementale.
Ensuite, il appartiendra dès lors, sur le plan territorial et local, aux opérateurs et acteurs touristiques publics et privés, aux collectivités locales, de s’en imprégner, prendre en charge et appliquer la part qui leur revient.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire