Maison de l'Algérie-Pont d'intelligence

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mercredi 18 juillet 2012

Paris veut de nouveau relancer le partenariat avec Alger


Laurent Fabius est arrivé hier à Alger pour relancer la relation bilatérale avec l'Algérie. Une visite destinée à préparer celle de François Hollande, prévue à l'automne, sur fond de crise sahélienne et de concurrence chinoise accrue.


Relancer la relation avec l'Algérie. Tel est le mot d'ordre à Paris depuis l'élection de François Hollande. « Si on peut redynamiser la relation bilatérale, on le fera »,glissait récemment un haut responsable français. « Dans le passé, il y a eu des hauts et des bas, je suis pour les hauts », a déclaré hier soir Laurent Fabius à son arrivée à Alger, en plaidant pour un nouvel élan de la relation fondé sur la proximité, l'objectivité et l'amitié. La visite du ministre français des Affaires étrangères doit préparer celle de François Hollande à l'automne. Le choix de se rendre en Algérie pour son premier déplacement dans le monde arabe est « symboliquement fort », souligne-t-on au Quai d'Orsay. Laurent Fabius doit rencontrer son homologue Mourad Medelci et le président algérien Abdelaziz Bouteflika avant son retour à Paris, ce soir. Au menu des discussions : coopération bilatérale, Sahel, Syrie et Union pour la Méditerranée.

« Une nouvelle impulsion »

Les présidents français et algérien ont décidé « de donner une nouvelle impulsion à la relation franco-algérienne », indique-t-on au Quai d'Orsay, où on la qualifie d' « exceptionnelle ». Tandis que l'Algérie dit attendre « des actes » de la France. Encore candidat à l'élection présidentielle, François Hollande estimait en mars dans une tribune publiée par le quotidien algérien « El Watan » pour le cinquantième anniversaire des accords d'Evian : « Il y a place pour un regard lucide, responsable sur notre passé colonial et un élan confiant vers l'avenir. » L'Algérie n'a pas invité la France aux célébrations du cinquantenaire de l'indépendance, le 5 juillet. Mais Abdelaziz Bouteflika a été le premier chef d'Etat à féliciter François Hollande pour son élection. Un message dans lequel il évoquait sa « pleine disponibilité à oeuvrer (au) partenariat d'exception que nous ambitionnons de construire ».
Ce n'est pas la première fois que Paris et Alger affirment vouloir relancer leur partenariat. En 2000, la visite du président algérien en France avait été l'occasion de lancer « un processus global de refondation et de restructuration » des relations bilatérales. En 2003, la visite de l'ancien président français Jacques Chirac à Alger avait donné lieu à la signature de la déclaration d'Alger, servant de feuille de route pour, là encore, relancer les relations. En 2007, la visite de son successeur, Nicolas Sarkozy, puis, en 2010, la mission confiée à Jean-Pierre Raffarin visaient aussi à relancer la relation franco-algérienne. 

« Un pion stratégique »

La poursuite éventuelle de la mission de l'ancien Premier ministre devrait d'ailleurs être évoquée lors de la visite de Laurent Fabius, qui rencontre ce matin la communauté d'affaires française à Alger « Nos échanges économiques doivent être renforcés », écrivait François Hollande le 4 juillet dans une lettre au président Bouteflika, à la veille du cinquantenaire de l'indépendance algérienne. Et ce, alors même que la Chine vient de dépasser la France comme premier fournisseur de l'Algérie sur les cinq premiers mois de l'année. Cette percée de la Chine est « durable », estime l'économiste Jean-Louis Levet, coauteur de « France-Algérie, le grand malentendu » (L'Archipel, 2012). Avec ses 40 millions d'habitants, l'Algérie est selon lui « un pion stratégique » pour la Chine. Or, « cette intervention chinoise dans la zone d'influence directe de la France peut être inquiétante, la Chine pouvant considérer l'Algérie comme une base arrière pour pénétrer plus facilement le marché européen, poursuit-il. C'est un peu comme lorsque le Japon s'est installé au Mexique pour mieux pénétrer le marché américain ».
Jean-Louis Levet voit le projet de Renault d'implanter une usine d'assemblage dans le pays comme « une réponse à la concurrence chinoise ». Pour l'heure, cela dit, rien n'est acté. La signature d'un pacte d'actionnaires pour créer une société commune franco-algérienne pourrait intervenir à l'automne, annonçait le 21 juin le ministre algérien de l'Industrie, Mohamed Benmeradi. Renault, de son côté, a préféré ne pas faire de commentaire avant la signature du protocole définitif.
MARIE-CHRISTINE CORBIER
Écrit par Marie-Christine CORBIER
Journaliste
Les Echos

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