Maison de l'Algérie-Pont d'intelligence

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Club "Génération Entrepreneurs" en Algérie

lundi 12 septembre 2011


COMMENT RENTABILISER LES 173 MILLIARDS DE $ DE RÉSERVES DE CHANGE DE L’ALGÉRIE ? 10 EXPERTS ALGÉRIENS PROPOSENT LEURS SOLUTIONS


Cette contribution présente pour la première fois un débat productif entre experts algériens, débat qui engage la sécurité du pays sur le rendement des réserves de change de l’Algérie, ou comment transformer cette richesse virtuelle en richesse réelle. Cela fait suite à mes contributions sur ce sujet depuis 2006/2007. Le plus grand ignorant étant celui qui prétend tout savoir , j’ai demandé l’avis de bon nombre d’amis (qui ont dans le cœur l’Algérie privilégiant uniquement ses intérêts supérieurs) dont je citerai le Professeur émérite Taieb Hafsi directeur de recherche à HEC Montréal, les professeurs de renom Zabouri Mortada conseiller de gouvernement en stratégie à Montréal, Boualem Baliouat de l’Université de Nice, Nadji Safir de l’université d ’Alger , Bachir Maazouz de l’école supérieure d’administration de Montréal et professeur associé à l’ENA de Paris , Farid Yaici de l’université de Bejaia, Ahmed Bouyacoub de l’Université d’Oran, les docteurs Camille Sari , Attou Abbou et Omar Berkouk, experts internationaux renommés en finances. Qu’ils soient infiniment remerciés. Pour faciliter le débat national, je rappellerai brièvement mes conclusions avant d’aborder les aspects traités par les experts, que j’ai synthétisés en plusieurs remarques à la fois techniques et d’ordre général.
1- Le gouverneur de la Banque d’Algérie a affirmé que le rendement des réserves de change a été de 4,60 milliards de dollars pour un taux d’intérêt de 3% (tout juste le taux d’inflation mondial actuel 2010/2011 soit un rendement presque négatif). Il s’ensuit que mathématiquement j’ai mis en relief que l’Algérie a placé non pas à court terme mais à moyen terme et certainement une grande part à long terme en 2010, un montant de 153,33 milliards de dollars, soit 94,65% de ses réserves de change en 2010.
En effet, le total de réserves de change au 31/12/2010 st de 162,2 milliards de dollars, les organismes internationaux évaluant ces réserves à plus de 173,63 milliards de dollars au 01 août 2011. Pour les taux de court terme ils ne peuvent être supérieurs au taux d’escompte des banques centrales. Les taux directeurs sont depuis 2009/2010 pour la FED ente 0-0,25%, de 1,25% en 2010 avec un relèvement de la BCE, de 1,5% depuis avril 2011. Ceux de la banque d’Angleterre ont de 0,5% ainsi que celui du Japon qui tend vers zéro.
D’une manière générale si le stock en principe- à moins d’une faillite généralisée de toute l’économie mondiale ou d’une grave crise politique en Algérie ce qui entrainerait le gel des avoirs algériens à l’étranger- est garanti par les États ne risquant rien, cela pose le problème des rendements, le taux d’intérêt étant de plus en plus élevé si les placements se font à moyen et long terme afin de couvrir le taux d’inflation mondiale. Se pose le problème de la transition au moment où 20% des réserves étaient déposés dans les banques privées avant que ce taux passe selon le gouverneur à 2%. Que s’est-il passé entre temps et y a-t-il eu perte comme cela a été le cas pour la majorité des pays du Golfe ? Des banques privées dites AAA ont été décotées et n cas de difficultés bancaires, si elles ne sont pas soutenues par leurs États, il y a perte sèche pour l’Algérie.
Pour ceux à moyen terme le retrait avant terme entraine une perte pour l’Algérie du fait de la décote sur le marché libre et de la perte des intérêts pour non respect du contrat et il est préférable d’attendre le terme actuellement avant de prendre une décision hâtive.
J’ai terminé par cette remarque, que les réserves de change ne sont pas une condition du développement surtout lorsqu’elles proviennent d’une rente éphémère mais un moyen afin de dynamiser la sphère réelle (la section hors hydrocarbures). Mettons maintenant en relief les principales remarques des experts où nous assistons à un débat contradictoire fort utile.
2- Première remarque. Outre qu’il faille déplorer l’effritement du système d’information ce qui limite les analyses objectives (A.Bouyacoub), pour les experts de la finance, en ce qui concerne les valeurs du trésor, les taux de rendement annoncés (3%) suppose que les fonds sont investis dans les bons du trésor à plus long terme (plus de 10 ans vraisemblablement). Les rendements aujourd’hui des obligations du Trésor US sont de 0,94% pour les 5 ans, 2,19% pour les 10 ans et 3,53% pour les 30 ans.
En réalité la gestion prudente de nos réserves de change ne devrait pas seulement s’atteler à les placer dans les titres « sur » mais aussi sur des échéances qui correspondent à nos besoins. Si nous pensons avoir besoin de ces fonds dans un horizon de 5 ans, nous devons avoir une échéance moyenne de cet ordre. Le raisonnement d’acheter des titres long seulement par ce qu’ils rapportent doit être nuancé.
Les échéances sont importantes. Tous les pays s’assurent que leurs investissements sont faits sur des titres dont les échéances correspondent avec leurs obligations. Dans ce cadre, il faut différencier le mode de placement de la banque d’Algérie (BA) pour l’acquisition des bons de trésors car cela a un impact direct sur le rendement des titres ( A. Attou).
La FED généralement travaille étroitement avec des banques intermédiaires dont la majorité des investisseurs utilisent ces “financial pipelines” alors ils agissent comme intermédiaires et aussi judiciaires. Si la BA a un compte avec la FED ou la BIS (banque of international settelments) alors l’opération est moins couteuse et plus flexible. Dans la majorité des établissements bancaires internationaux (qu’en est-il pour l’Algérie) existe un logiciel d’analyse de portefeuille qui donne les informations suivantes : -date d’achat, – prix d’achat, -nominal,- coupon et maturité.
Les informations importantes sont : la duration du portefeuille (durée de vie moyenne basée sur les flux futurs actualisés de chaque obligation, pour le portefeuille on a une moyenne pondérée des durations de chaque obligation). Une fois la duration calculée, nous pouvons aisément déterminer la sensibilité du portefeuille à une variation +/-des taux d’intérêt (c’est-à-dire le risque de perte potentielle en capital).
L’horizon de placement se fait en fonction des besoins prévisionnels au niveau des Banques Centrales mais surtout leur gestion est dynamique .C’est à dire qu’elle est fonction des anticipations des besoins et surtout de l’évolution de la courbe des taux .Chez les professionnels de la gestion obligataire on appelle cela la « gestion de la convexité ».( O. Berkouk) Or le gouverneur de la banque d’Algérie n’a rien précisé de ces données fondamentales qui permettraient d’avoir une appréciation et un débat objectif restant toujours dans l’opacité.
3- Deuxième remarque. L’évaluation du niveau approprié de réserves accumulées par un pays nécessite la prise en compte des motivations initiales de détention de ces réserves, pour élaborer une norme quantitative. Les directives du FMI pour la gestion des avoirs extérieurs de réserve stipulent que « les réserves de changes sont détenues pour satisfaire plusieurs objectifs », notamment :« susciter et maintenir la confiance » dans la politique monétaire et de change ;« limiter la vulnérabilité externe en maintenant des réserves liquides de change afin d’absorber les chocs en temps de crise ou lorsque l’accès au crédit est restreint et « donner aux marchés l’assurance que le pays est en mesure de remplir ses obligations extérieures ».( F.Yaici) Récemment encore, le niveau requis d’avoirs de réserve était estimé empiriquement selon la « règle des trois mois d’importations ».
Lorsque les crises financières avaient été déclenchées, dans les années quatre-vingt-dix, par un tarissement des entrées de capitaux, la capacité des économies ayant recours à l’endettement extérieur à assurer le service de leur dette est devenue un critère primordial. La règle « Greenspan-Guidotti » recommande, par conséquent, que les réserves puissent couvrir entièrement la dette extérieure à court terme afin d’être en mesure de rembourser celle-ci dans l’éventualité d’interruptions soudaines des entrées de capitaux, c’est-à-dire au cas où les prêteurs étrangers ne renouvelleraient pas leurs prêts. Les normes de référence rappelées ci-haut s’appliquent-elles pour l’économie algérienne ?
Rappelons d’abord que cette dernière est une économie dépendante de ses hydrocarbures, qu’elle est mono-exportatrice et qu’elle importe la plupart de ses besoins. Si on devait appliquer ces normes, et en l’état actuel de notre économie, l’Algérie serait en danger à cause de ses recettes en devises erratiques.
A titre d’illustration, les recettes d’exportation du pays ont été divisées par 1,5 entre 2008 et 2009 avant d’être multipliées par 1,2 entre 2009 et 2010. En 1986, elles avaient carrément chuté de moitié par rapport à 1985 pour ne remonter substantiellement qu’au début des années 2000. Cependant, en 2010, les réserves de change couvrent 38,75 mois d’importations, soit environ 13 fois la norme (si on applique le premier critère), et environ 81 fois la dette extérieure à court (l’Algérie ayant décidé, en 2006, de rembourser par anticipation l’essentiel de sa dette extérieure), soit autant de fois la norme (si on applique le second critère). Quelle est alors la solution ? Avoir autant de réserves de change et ne les placer quasiment (98 %) que dans des obligations d’Etat, avec des rendements faibles, même supposées plus sûres (la crise actuelle de la dette des Etats vient de nous démontrer que plus rien n’est sûr) équivaut à du gaspillage. Prendre quelques risques en diversifiant les placements, y compris en créant un fonds souverain, serait probablement plus rentable.
D’autres utilisations dans le pays, sous la forme d’investissements par exemple, seraient encore plus souhaitables. Mais, la faiblesse des capacités d’absorption de l’économie algérienne ne le permet pas. A titre d’illustration, sur les 286 milliards de dollars d’investissements prévus dans le programme quinquennal 2010-2014, 130 milliards de dollars sont des restes à réaliser (programmes en cours selon le jargon officiel) du programme quinquennal 2005-2009. Une autre solution consisterait enfin à n’extraire du sous-sol que ce dont le pays a besoin, en rapport avec ses capacités d’absorption, la conservation des hydrocarbures non seulement éviterait le gaspillage, mais servirait aux générations futures tout en incitant à la revalorisation du travail.
4-Troisième remarque. La question de la rentabilité des placements de fonds souverains est-elle centrale pour l’Algérie ? Procédons par comparaison. En Europe, comme pour l’ensemble des pays de l’OCDE, le placement de fonds souverains en bons du trésor ne correspond pas tout à fait à la même logique que celle des pays comme l’Algérie, la Chine ou la Russie par exemple. Le défaut de paiement étant principalement lié aux « risques pays », il y a longtemps que les pays de l’OCDE ont bien compris qu’il était plus utile, pour attirer des fonds, des capitaux et des investissements étrangers, de consolider leur gouvernance par une stabilité politique juridique et administrative.
Autrement dit, leurs investissements en bons du trésor correspond davantage à une constitution de réserves prudentielles (assurantielle en quelque sorte). Généralement, leur montant correspond à environ 9 à 18 mois de leur besoin en financement public. Le rendement de ces fonds est important, mais ce n’est pas le plus important car il s’agit, pour ces pays stables, de placements à très long terme dans des pays dont le défaut de paiement est quasi nul (donc à faible risque de dégradation significative à long terme). En ce sens, je rejoins l’analyse qui consiste à insister sur le fait qu’à très long terme ces titres ont de fortes chances de s’apprécier, et même de contribuer par leur caractère prudentiel à doper l’économie des pays apporteurs de fonds souverains.
Ceci, bien évidemment, doit être relativisé par le théorème de l’« équivalence ricardienne » qui établit, sous certaines conditions, une concordance entre l’augmentation de la dette publique à un moment « T » et l’augmentation des impôts requise dans le futur pour le remboursement de cette dette et le paiement des intérêts qui y sont associés. Dès lors, en effet, le risque est de voir, dans un pays comme les USA, les agents économiques se comporter de manière relativement rationnelle en considérant qu’une politique de relance américaine, par une distribution de revenus financée par la dette publique, ne va pas les pousser à consommer, mais plutôt à économiser du fait de l’augmentation des taux d’épargne et en prévision de hausses d’impôts futures. Autrement dit, sur des courts ou moyens termes, les dépréciations de titres sont envisageables, mais peut-être moins sur des temps très longs compte tenu des effets cumulatifs de la croissance économique.
La dégradation de la note US par l’agence de rating internationale Standard and Poor’s est cependant de ce point de vue quelque peu excessive compte tenu du très faible risque d’instabilité politique des USA et donc de leur défaut de paiement consubstantiel. D’ailleurs, outre les Credit Default Swap qui rassurent les marchés et les investisseurs, la réaction du marché, au lendemain de cette dégradation, en faveur des bons du trésor américain, au même titre que l’or, cautionne cet état de fait. Leur leadership sur les bons européens et japonais (d’ailleurs dégradés par Moody’s) ajoute à cette conviction que les placements de fonds souverains aux USA ne sont pas la moins stratégique des options. Pour résumer, les pays de l’OCDE investissent prioritairement dans leur stabilité politique et économique (leur gouvernance équilibrée, stable et transparente) comme principal garant de leur attractivité et compétitivité.
J’en veux pour preuve que ces Etats s’affairent à faire voter une “règle d’or” qui consiste à inscrire dans leur Constitution des règles prévoyant un retour progressif à l’équilibre budgétaire. L’Espagne vient de la voter, tandis que l’Allemagne et la France s’apprêtent à la faire approuver par la plus forte majorité de leurs instances législatives. Ces Etats privilégient cette stabilité avant de songer, par des investissements prudentiels de fonds souverains, à leur capacité de réaction pertinente à des situations de financements publics exceptionnelles liées à des crises dont la nature est diverse. La rentabilité de ces fonds est, de mon point de vue, dès lors secondaire et peu risquée. En revanche, pour un pays comme l’Algérie, c’est aussi le cas de la Chine ou de la Russie et bien d’autres pays, la situation est un peu différente. La gouvernance de ces États, leurs risques pays sont tels que les marchés internationaux ne leur accordent pas une confiance sans limite quant à la sécurisation des investissements et des transactions commerciales.
Alors, on peut imaginer, bien entendu, toutes sortes de cadres juridiques et financiers facilitant la confiance des investisseurs et des partenaires étrangers, et même les rassurer par l’accumulation de réserves financières qui dépassent de loin les canons internationaux, et même encore avoir des placements en bons du trésor américain qui surpassent orgueilleusement les ratios habituels. Rien cependant ne remplacera jamais le critère de la stabilité politique et des risques pays comme seul signal positif et garant efficace sur les marchés internationaux. C’est la raison pour laquelle le meilleur investissement que pourrait engager ces pays réside d’abord dans leur transparence, leur gouvernance stable, et la légitimité pérenne de leurs institutions.
Pour ces derniers pays, les excès d’investissements en bons du trésor américains sont à la fois indispensables par compensation des instabilités et des carences institutionnelles (la Chine détient 1150 milliards de dollars en bons du trésor US, dépassant très largement le ratio requis), et structurellement moins efficaces à court, moyen et long termes, d’autant qu’ils sont souvent privilégiés au détriment d’investissements en fonds souverains sur des titres d’entreprises multinationales ou transnationales appartenant à des secteurs à forte potentialité. A court et moyen termes, ces Etats sont susceptibles de subir les effets indirects de l’équivalence ricardienne (donc des dépréciations significatives). A long terme, certes ces pays encourent moins de risques de dépréciation, mais handicapent pour certains (les plus fragiles en termes de facteurs d’infrastructures productives ou d’innovation) leur capacité de développement économique.
En Algérie, la question, de mon point de vue, est moins de savoir si ces placements de fonds souverains sont rentables ou pas à court, moyen et long termes, mais plutôt de savoir si le pays est structurellement apte à absorber en investissements projets ses excès de réserve. Il est probable qu’un juste milieu consisterait pour l’Algérie à associer trois efforts convergents : (a) envoyer des signes forts de stabilité de gouvernance aux marchés internationaux, (b) réviser son ratio de placement de fonds souverains (ses réserves) dans des normes prudentielles acceptables et (c) favoriser le développement des investissements étrangers et locaux par la favorisation de l’innovation, de l’entrepreneuriat et l’émergence de projets et d’entités économiques robustes.
Ces efforts doivent être pensés de concert au sein d’une équipe ministérielle soudée associant leurs efforts, leurs politiques et des fonds uniques interministériels de développement ; et non pas de manière dissociée et peu cohérente dans l’ensemble. Par ailleurs, toutes les parties prenantes doivent être associées à cet effort collectif. L’Algérie doit prioritairement se poser la question de sa cohésion et de sa stabilité susceptible de générer la confiance par des lois organiques de stabilité convaincantes, avant de se focaliser à tout prix sur des notions de rentabilité (source de croissance). Cette dernière serait d’ailleurs faussée par l’état de la rente algérienne et le poids de l’économie informelle, et éclipserait la notion centrale de compétitivité régionale.
5- Quatrième remarque. Ce qui me paraît important c’est de prendre conscience que, dans les affaires mondiales, il ya une transition subtile et complexe. Elle débouchera inéluctablement dans l’horizon de quelques années sur l’effondrement du dollar et une crise chronique de la dette des USA. Entre temps il faut manœuvrer pour trouver sa place dans le nouveau monde qui se met en place. Dans le cas algérien la rationalité de l’affectation des ressources appelle deux observations (Z.Mortada):
a- Du point de vue du développement, il est clair que l’affectation des ressources est profondément irrationnelle. Mais le problème n’est pas uniquement une question de politique économique ni de volonté politique. Il recouvre des questions de sociologie des milieux d’affaires et des élites. Ces derniers semblent davantage attirés par le mercantilisme (au sens que lui donne Adam Smith) que par la création d’une valeur ajouté réelle et utile.
Cette posture est en partie le reflet de traditions corsaires lointaines et de la mentalité du tribut de guerre “sur les biens vacants». Elle traduit le désordre sociologique provoqué par la destruction des élites traditionnelles dans la période coloniale par la violence, (Sénatus consulte). .Elle est également le résultat de problèmes institutionnels et de confiance dans l’avenir de l’Algérie.
Les gouvernants, ne pouvant restructurer cette configuration sociale et ses relais dans les administrations publiques, préfèrent injecter les ressources dans les infrastructures ou mettre les avoirs des hydrocarbures en réserve avec l’espoir que le contexte mondial finisse par catalyser l’émergence d’une élite nouvelle.
b- Du point de vue sécuritaire, la distribution “sociale” des ressources semble trouver sa rationalité dans des objectifs de consolidation de la paix après des années de violence. C’est aussi un acte préventif contre une déstabilisation externe qui est perçue comme menaçante.
Il ne faut pas sous estimer les névroses hégémoniques de veilles puissances qui cherchent à freiner leurs déclin. L’expérience montre qu’elles n’y arriveront pas, mais elles peuvent conjoncturellement créer beaucoup de désordre. Je crois que les universitaires peuvent contribuer à l’émergence d’une élite nouvelle en faisant un travaille de longue haleine décryptant l’état de la société et de ses élites ainsi que le rapport entre cet état et l’histoire des deux ou trois derniers siècles (sachant que les élites sont toujours le produit de plusieurs siècles d’accumulation).
Il faut également s’ouvrir à une plus grande altitude pour comprendre la grande transformation du monde. En effet depuis la guerre du Viet Nam nous basculons dans un monde post transatlantique et face à ce processus les pivots transatlantiques ont multipliés les fuites en avant qui ont beaucoup aggravé leurs problèmes. A titre d’exemple la rupture de Bretton_Woods a bouleversée la comptabilité au point où nous avons toujours l’impression que le PIB US est important alors qu’il ne l’ai que virtuellement. De même le virtualisme obscurcie l’analyse des rapports de forces et de beaucoup de domaines.
La grande transformation c’est le retour des vielles civilisations au centre de l’histoire. C’est elle qui fixe les normes et standards mondiaux depuis l’art de la guerre jusqu’au prix relatifs en passant par l’agenda de la science. Avec cette résurgence reviennent également des modèles étatiques qui ont était éclipsé comme les États épistémiques de grande taille du genre Chine Inde ou Califat. Cette recristallisation se traduit par des regroupements régionaux pour dépasser l’État post colonial ASEAN, l’OCS, l’OCE en sont des exemples.
6- Cinquième remarque. L’Algérie peut surmonter ses difficultés pour peu qu’existe une nette volonté politique d’’approfondissement de la réforme globale liée à un bon management stratégique réalisant la symbiose Etat/citoyens comme l’a montré brillamment dans ses nombreux ouvrages, un grand spécialiste dans ce domaine notre ami Taieb Hafsi. L’Occident doit abandonner sa vison purement mercantile, répondre aux aspirations des sociétés du Sud et aider à un véritable co-développement, favorisé par le dialogue des cultures entre l’Orient et l’Occident.
Ainsi, il faut éviter tant la sinistrose, car tout ce qui a été accompli depuis l’indépendance politique n’est pas totalement négatif mais également toute autosatisfaction source de névrose collective. Faire un bon diagnostic, implique de tenir compte certes des facteurs économiques mais éviter l’économicisme étroit, les facteurs culturels et sociaux étant déterminants dynamique économique et sociale étant solidaires (N.Safir). L’économie est avant tout politique comme nous l’ont enseigné les grands classiques de la sociologie et de l’économie. Mais également la prise en compte de l’efficacité des institutions ce qui permet une meilleure cohérence et visibilité dans la démarche de toute politique socio-économique afin de réaliser les corrections nécessaires pour un développement harmonieux fondé sur la démocratisation de la décision économique et politique ( B. Maazouz).
Le débat sur les réserves de change n’est pas un secret défense comme veulent nous le faire entendre certains technocrates ou politiques cultivant le culte du secret qui n’ont pas fait leur mutation intellectuelle, vivant encore à l’ère du parti unique, des années 1970, feignant d’ignorer la révolution du monde des télécommunications. C
e débat engage l’avenir de toute la population algérienne et renvoie forcément au débat sur la durée des réserves des hydrocarbures puisque ce montant est fonction à plus de 98% de ce segment et d’une manière générale à la trajectoire future du développement national au sein d ‘un espace de plus en plus mondialisé (C. Sari). Le vrai débat pour le devenir de l’Algérie qui dépasse largement l’aspect monétaire, est de relancer la sphère réelle afin de créer des emplois créateurs de valeur ajoutée afin de diminuer les tensions sociales pour une population qui passera de 36 millions d’habitants en 2011 à 50 millions dans 25 ans sans hydrocarbures-entendu pouvant découvrir des milliers de gisements physiques non rentables économiquement, les fondamentaux étant le couple prix international/coût/énergies substituables. Et ce afin de réaliser la transition d’une économie de rente à une économie hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales renvoyant à de profondes réformes politiques, économiques et sociales.
Cela doit se fonder par une meilleure gouvernance, un Etat de droit, et comme l’a montré l’économiste indien prix Nobel A. Sen, la démocratie tenant compte des anthropologies culturelles étant le but suprême pour un développement durable. L’ère des micro États étant résolu, cela doit se réaliser dans le cadre d’une intégration régionale (maghrébine et africaine), de bons partenariats avec les pays développés mais également de pays émergents d’Asie (Chine, Inde) et d’Amérique (Brésil). C’est le débat essentiel et stratégique auquel se sont livrés les dix experts , pour un devenir meilleur de l’Algérie qui a d’importantes potentialités afin de transformer cette richesse virtuelle que sont les réserves de change en richesses durables pour une croissance réelle et non fictive afin d’atténuer les tensions sociales et s’inscrire dans le cadre des défis de la mondialisation. La maîtrise du temps est le principal défi des gouvernants en ce XXIème siècle, monde turbulent en perpétuelle transformation.
Évitons de brandir les slogans dépassés l’ennemi de l’extérieur, l’impérialisme ce chat noir dans un tunnel sombre que nul ne voit , slogans qui ne mobilisent plus ne portent plus afin d’essayer de faire oublier els problèmes économiques et sociaux intérieurs déterminants.. Seul le dépassement des liens dialectiques entre la logique rentière et la logique de la sphère informelle spéculative par le renforcement du front économique et social intérieur peut prémunir l’Algérie contre de tels dangers supposant toujours plus de réformes associant sans exclusive, l’ensemble des forces vives de la Nation.

Synthèse du Professeur Dr Abderrahmane MEBTOUL Expert International

12 septembre 2011

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