Maison de l'Algérie-Pont d'intelligence

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Club "Génération Entrepreneurs" en Algérie

lundi 24 mars 2014

1,5 milliard de dollars d’investissements en 2013 : L’Algérie, le nouvel eldorado pour les entreprises turques

 
 La Turquie exporte vers l’Algérie de multiples produits, surclassant dans divers secteurs les Chinois.

C’est désormais vers l’Algérie que les investisseurs turcs tournent leurs regards. Pas moins de 110 entreprises de différents secteurs sont présentes. On citera, entre autres, le holding Hayat Kimya avec ses marques bien connues des consommateurs algériens : Test, Molfix, Molped, Papia et Bingo.
Encore un holding, Emin Auto, qui a des lignes de montage en Algérie ; il y a aussi Coccinelle qui intervient dans le secteur du mobilier. Les producteurs de chocolats et biscuits sont également présents en force, à l’instar du groupe Ulker, avec sa célèbre marque Alpella. Sans oublier le complexe sidérurgique d’Oran, dont l’investissement a été évalué à plus de 700 millions de dollars.
D’après l’Agence nationale de développement de l’investissement (ANDI), le montant global des investissements en provenance de l’ancien empire ottoman en Algérie s’élève à 1,5 milliard de dollars.
Cependant, ces statistiques flatteuses ne doivent pas faire illusion car ce chiffre est loin du potentiel que recèle le marché algérien. Les opportunités sont immenses, selon un responsable au bureau du conseiller commercial de l’ambassade de Turquie à Alger. «Il s’agit d’un marché vierge, il y a une faible concurrence dans la plupart des secteurs, le premier arrivé est le premier servi. La population est jeune et bilingue, sachant qu’en Turquie au plus 5% de la population maîtrise une langue étrangère.
En plus, la main-d’œuvre est moins chère qu’en Turquie, le montant du SMIC en Turquie est de 400 dollars, nettement plus que le double du SMIC algérien», déclare notre interlocuteur. Les entreprises turques ont donc tout intérêt à s’installer en Algérie, surtout qu’il est facile pour elles de s’adapter aux cultures commerciales et sociales. «L’Algérie aussi a tout intérêt à ce que les Turcs s’y installent. Il s’agit d’un partenariat gagant-gagnant», poursuit notre interlocuteur, en ajoutant : «L’Algérie est un pays où le taux de chômage est élevé et nul n’ignore aujourd’hui que la plupart des produits disponibles sur le marché sont importés et que l’économie demeure très fortement dépendante de la rente des hydrocarbures.
Etant donné que les prix ne sont pas stables et qu’ils peuvent chuter, cela pourrait paralyser le pays au point de ne pas pouvoir financer ses importations. Les pouvoirs publics ont donc tout intérêt à dynamiser l’industrie hors hydrocarbures, un secteur dans lequel le savoir-faire et la compétitivité de la Turquie sont indéniables.» La question qui se pose est la suivante : ce savoir-faire est-il transmis, y a-t-il un transfert technologique de la Turquie vers l’Algérie ? La réponse est oui, selon notre interlocuteur du bureau du conseiller commercial de l’ambassade de turquie en Algérie.
D’après lui, au niveau de ce bureau, les demandes de conseils pour pénétrer le marché algérien ne cessent de se multiplier et la plupart des commerçants et importateurs finissent par s’installer ici en Algérie avec leurs unités de production et leurs ingénieurs qui sont constamment en contact avec les ingénieurs algériens. C’est ainsi que s’opèrent le transfeert de savoir-faire et transfert technologique. Qu’en est-il du climat des affaires en Algérie ? Est-il favorable à l’implantation de ces entreprises ?
3e partenaire économique
Bien que le gouvernement ait pris des initiatives pour encourager l’investissement, il y a des freins à l’implantation des investisseurs. Parmi ces derniers, la complexité qui caractérise l’application des lois, c’est ce qui fait que la même loi peut être interprétée différemment par deux institutions, estime notre interlocuteur. Pour lui, les lenteurs administratives coûtent également cher aux entreprises.
Si les procédures de dédouanement en Turquie durent trois jours, en Algérie il faut compter 10 jours de plus.
Sans oublier la règle dite du 51/49 régissant les investissements étrangers en Algérie. D’ailleurs, depuis 2009, le nombre des Investissements directs étrangers (IDE) est resté stable. Toutefois, un partenaire algérien ne doit pas être perçu comme un obstacle mais plutôt comme une opportunité.
«En effet, un bon choix de partenaire peut permettre à l’entreprise étrangère de mieux communiquer avec les institutions locales, surtout avec la bureaucratie qui règne dans le pays. Certaines entreprises sont frileuses par rapport à cette prise de risque que constitue le choix du partenaire. Il est clair que partager son savoir-faire et sa technologie avec un partenaire étranger constitue un grand risque pour une entreprise», estime-t-il.
D’où, dit-il, «l’intérêt des délégations commerciales que nous organisons et auxquelles nous invitons différents investisseurs turcs dans plusieurs secteurs (producteurs et exportateurs)». «Par ailleurs, nous sommes conscients que le choix du partenaire est une décision importante pour un investisseur. D’ailleurs, le groupe Ulker s’est installé en Algérie dans une petite ville entre Alger et Oran, mais une mésentente avec le partenaire local l’a poussé à partir», regrette notre interlocuteur, en ajoutant : «Il s’agit bien d’un obstacle, mais c’est la loi du pays, il faut la respecter ; après tout, chaque pays a ses propres lois et là où il y a un risque il y a une opportunité. Il faut savoir aussi que la présence et le dynamisme de la Turquie en Algérie obéissent à une certaine logique. Ce n’est pas pour rien que l’Algérie est le 3e partenaire économique de la Turquie, après l’Afrique du sud et l’Egypte.En effet, L’Algérie a signé des accords de libre échange avec les pays de l’Union européenne, les pays arabes et maghrébins. Donc, si une entreprise turque investit en Algérie, elle aura la possibilité d’exporter ses produits vers les autres pays, à l’instar des pays africains (Sénégal, Mali, Niger). Ainsi, pour les entreprises turques, l’Algérie ne constitue pas uniquement un marché mais plutôt une porte à travers laquelle elles peuvent arriver aux pays européens et africains.»Et la Turquie, que représente-t-elle pour les entreprises algériennes ? Autrement dit, Algérie-Turquie : est-ce un partenariat équitable ?
Un volume d’échanges de 5 milliards de dollars en 2013
Selon le bureau du conseiller commercial de l’ambassade de Turquie à Alger, les échanges commerciaux entre les deux pays ont augmenté ces dernières années (voir tableau), jusqu’à atteindre 5 milliards de dollars en 2013.
On observe donc une tendance à la hausse depuis 2004, à part une légère baisse en 2009 qui se justifie par la crise économique mondiale. Ce volume des échanges comprend aussi les exportations algériennes vers la Turquie, en l’occurrence des matières premières, des produits de textile mais surtout le gaz naturel liquéfié (4 milliards de mètres cubes par an). La Turquie, quant à elle, exporte des produits issus de plusieurs secteurs, «pratiquement tous», nous dit notre interlocuteur qui regrette le fait que le montant des exportations de son pays vers l’Algérie a chuté au cours des 3 derniers mois de l’année dernière. Il explique cela par les derniers événements en Turquie, mais aussi par le climat politique actuel en Algérie. Selon la même source, même si la part du commerce entre les deux pays s’amplifie, celle-ci reste marginale.
À quand la signature d’un accord de libre échange ?
Il est possible d’augmenter les investissements turcs en Algérie et les élargir à d’autres secteurs. Toutefois, l’amélioration des relations économiques doit impérativement passer par l’amélioration des relations politiques. Notre interlocuteur recommande d’augmenter le nombre de délégations de Premiers ministres et visites officielles de Présidents. Ce type de visites oriente, selon lui, les hommes d’affaires, les commerçants et investisseurs vers l’Algérie. La bonne entente entre les deux pays les encouragera à investir. Il faudra aussi faciliter la circulation des hommes entre les deux pays en supprimant les visas.
D’ailleurs, la Turquie a soumis une demande dans ce sens à l’Algérie. Faciliter la circulation des hommes facilitera celle des capitaux. Notre interlocuteur recommande également aux autorités des deux pays de mettre en place une institution à travers laquelle pourront communiquer les hommes d’affaires des deux milieux, en plus des foires et délégations d’hommes d’affaires. Et ce, afin de créer des opportunités de partenariat. Pour finir, notre interlocuteur regrette l’absence d’un accord de libre échange entre les deux pays et reste optimiste par rapport au développement des relations commerciales. Selon ses propos, l’Algérie reste une bonne destination à choisir pour investir étant donné les crises qui ont touché beaucoup de pays européens et arabes.

EL WATAN

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